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en mocassins

feu, de la chasse, des moissons, et prince du royaume des mânes.

Mais la céleste Atta, en conséquence de son péché, n’a désormais que des goûts dépravés : elle se nourrit de serpents, de crapauds, de vipères, de lézards, de bêtes immondes ; et comme, depuis sa mort, elle partage avec Jouskeha le gouvernement du royaume des mânes, elle travaille à le peupler et ne cesse en conséquence, de faire mourir ses enfants. Dans ce but, elle allume entre eux le feu de la discorde, propage les épidémies, tous les maux dont souffre sa triste postérité. Pendant la nuit, elle descend de la lune, son céleste palais, et poursuit, sur la terre, son œuvre néfaste. On l’accuse, entre autres méfaits, d’avoir planté, au bord du lac Ontario, l’herbe-à-la-puce.

Voilà pourquoi ses enfants ne l’appellent plus simplement Atta, mais Attahentsic, c’est-à-dire Attala-Noire ou la-Méchante.

On reconnaît dans cette genèse à la fois grandiose et puérile, les traits principaux de la vraie tradition : le paradis, le péché de la première femme, son expulsion du séjour heureux, les suites de sa faute rendues manifestes par la corruption de ses goûts et la mort qu’elle sème sur la terre, enfin le fratricide souillant le berceau de la race humaine.

Par quel creuset la vérité primitive a-t-elle passé avant de paraître sous cette forme aussi symbolique que sauvage et hardie ? — Nous le saurons mieux