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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/46

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les hurons-iroquois

bienheureux séjour, et le Maître du ciel précipite sur la terre la femme coupable.[1]

Au même moment, une immense tortue, flottant sur le gouffre amer, se chauffe au soleil et regarde dans les espaces infinis. Elle voit de loin ce qui tombe, et reconnaît un être humain. Vite, elle convoque tous les animaux, leur apprend la nouvelle, les exhorte à sauver la première femme et offre généreusement sa carapace pour servir de noyau à une île sur laquelle tombera, indemne, l’étonnant rejet du ciel. On approuve, on se met à l’œuvre ; chaque animal fournit ce qu’il peut : qui de la plume, qui de l’édredon, qui des herbes ; le castor et le rat-musqué vont chercher du sable jusqu’au fond de la mer.

Tout cela se dépose sur la carapace héroïque ; le flot y ajoute des algues et du limon ; et comme on ne tombe pas du ciel en un instant, l’exilée choit sur une île spacieuse et destinée, en s’agrandissant toujours, à devenir l’Amérique.

Atta y donne le jour à une fille. Cette fille unique met au monde deux fils : Jouskeha et Tawiscaron. Le premier tue son frère et devient père des Hurons-Iroquois. Il est maintenant dieu du

  1. Ces légendes sont rapportées par les auteurs avec des variantes profondes. Mon but étant de montrer ici le pouvoir imaginatif et poétique des Hurons-Iroquois, je choisis ça et là ce qui me convient, en suivant toutefois de préférence les plus anciens auteurs. Ceux que j’ai consultés sont Lafitau, Charlevoix, Cussick, Schoolcraft, H. Hale, Mrs E. A. Smith.