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les algonquins

tites branches. Il trace ainsi la route qu’on suivra encore pour revenir, au retour du printemps. Sa femme et ses enfants le suivent, portant bagage et canot.

Enfin la cabane d’écorce se construit au bord d’un ruisseau ou d’un lac peuplé de castors, et c’est quelquefois l’abondance pour tout l’hiver ; mais ce peut être aussi une famine imprévue plus ou moins longue, obligeant la famille à se nourrir d’une espèce de mousse nommée tripe-de-roche, du liber de l’orme rouge et de racines.

Excessivement jaloux de leur liberté, ils ne veulent d’aucune contrainte, pas même de celle que leur imposerait la plus élémentaire prévoyance. De là leur insouciance proverbiale et leur placidité, souvent aussi leur gaîté dans la mauvaise comme dans la bonne fortune. De là encore l’absence complète chez eux de l’autorité qu’ils remplacent par la douce persuasion, même en reprenant leurs enfants.

Non moins orgueilleux que les Hurons-Iroquois, ils se plaisent comme eux à se nommer les Hommes par excellence. Comme eux aussi ils veulent qu’on les respecte, mais restent étrangers à tout calcul ambitieux, n’ayant pas pour habitude de penser au lendemain. Ils se contentent de défendre leurs droits, sans empiéter sur ceux d’autrui ; de venger leurs griefs, sans en profiter pour étendre leur domination. On peut même dire, à l’éloge de leur humanité, qu’en-