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les algonquins

tôme ambulant, le missionnaire, et meurt aussitôt son désir accompli.

Ainsi, l’enfant des bois, de caractère faible, déploie cependant une volonté étonnante, lorsqu’il est convaincu de la réalité d’un danger et ne voit qu’un moyen très difficile de l’éviter. Alors, l’arc de ses facultés, ordinairement détendu, se bande, et ce sauvage devient un être peu banal, un vrai démon de l’aventure hasardeuse, du canot d’écorce, du tomahawk et de la massue. Aussi, les Algonquins se font-ils rapidement belliqueux au contact des Hurons-Iroquois qui, pourtant, ne le sont pas et ne commencent à l’être, semble-t-il, que par nécessité. Ils les forcent d’évacuer la vallée du Saint-Laurent et menacent de les détruire, lorsque la Ligue se forme et oppose à ses redoutables adversaires, trois choses qui leur manquent : l’organisation, la diplomatie et la ténacité. Nonobstant les victoires des Outaouais et des Sauteux sur les Confédérés, la valeur algonquine doit reculer devant l’ordre et la constance.

Le fameux Piescaret[1] personnifie bien le génie militaire de sa race. Ses expéditions solitaires sont restées célèbres comme chefs-d’œuvre de ruse, de hardiesse et de présence d’esprit.

Un jour de printemps, Piescaret chausse sens devant derrière ses raquettes, et quitte l’île des Allumet-

  1. Piescaret était chef des Kichésipirinis de l’Île.