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Page:Guindon - En Mocassins, 1920.djvu/82

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les algonquins

Une flotte de canots d’écorce se balance devant lui ; les bras nerveux tiennent leurs pagaies et n’attendent que le signal du départ…

Du haut de sa grandiose estrade, le vieux sagamo promène un fier regard sur mille figures aussi belliqueuses qu’attentives, et parle ainsi :

« J’ai vu, dans ma jeunesse, les Sioux venir du couchant et envahir, l’une après l’autre, nos collines. Ils étaient nombreux comme les arbres de la forêt ; mais leurs cœurs n’étaient pas droits lorsqu’ils fumèrent avec nous le calumet de paix. Le Manitou, irrité de leur désobéissance, fit marcher nos pères contre eux, vers un lac de l’Ouest nommé le Couteau, afin de les chasser de notre pays. »

« Ils durent reculer, traversèrent le Père-des-Eaux[1], et se réfugièrent chez des étrangers. »

« Partez aujourd’hui vers le soleil levant. Les Iroquois ont rempli la terre de sang, et le même Manitou qui m’accompagnait dans les plaines de l’Ouest, sera avec vous pour vous aider et vous défendre. » Un cri d’enthousiasme s’élève et le vieillard ajoute : « Allez avec vos massues de guerre, tracez un droit sentier jusqu’au wigwam de la Face-Pâle et réclamez la terre des Hurons éplorés. Je vais m’asseoir sur ce rocher pour y attendre votre retour. »[2]

  1. Nom du Mississipi.
  2. Kahgegagahboowh : « Ojibway Nation », p. 89.