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BYRON

Qui fuyant l’embarras des vanités du monde,
Savais tout le néant des pompes du cercueil,
Parmi tant de grandeurs tu ne veux pas descendre ;
Près du toit paternel ton ombre veut errer ;
À ceux qui t’ont aimé tu réserves ta cendre ;
Il te faut un asile où l’on aille pleurer[1].

Je t’ai pleuré, vivant… aujourd’hui je te chante.
Quand le sort t’affranchit des terrestres douleurs,
Ce n’est pas moi, Byron, qui t’offrirai des pleurs ;
Et s’il est sur ma lyre une corde touchante,
Et s’iJe la réserve à tes malheurs.

Ton Je sais qu’en des erreurs funestes
Ton ardente jeunesse égara ses transports,
Que ton cœur ulcéré flétrit des dons célestes,
Que ton malheur enfin fut souvent un remords.

Au tourment de haïr te condamnant toi-même,
Tes pensers dévorans se nourrissaient de fiel ;
Tu souffrais, sans prier, sans regarder le ciel,
Tu sEt ta plainte était le blasphème.

  1. On sait qu’il a voulu être enterré dans le domaine de ses pères.