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CHANT PREMIER.

Tel au milieu de nous tu déployais tes ailes,
Tel, d’un feu dévorant et subtil tour à tour,
Ton vol faisait jaillir les vives étincelles,
Et les vulgaires yeux étaient blessés par elles ;
Car il en est, hélas ! qui se ferment au jour.

De ce monde stérile accusant l’indigence,
Impatient du dieu qui vivait dans ton sein,
Réalisant pour nous ce fabuleux larcin
Que poursuit d’un vautour l’éternelle vengeance,
Tu courais, tu fuyais, tu demandais aux vents
De soulever le poids de ta vie inquiète ;
Du Dieu qui t’emportait magnifique interprète,
Sur les monts, sur les flots ou les sables mouvans,
Comme on cherche un abri, tu cherchais la tempête,
Et le temps et la mort n’avaient pas de retraite
Et leÉtrangère à tes pas vivans.

Où l’Eh quoi ! dans ces belles vallées
Où l’oranger suspend son fruit suave et mûr,
Où les femmes, le soir, se promènent voilées,
Où le Guadalquivir sous des cieux tout d’azur,
À ses bords parfumés verse un flot lent et pur,
Quoi, tes peines jamais n’ont été consolées !…