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BYRON


Soit qu’agitant la rame aux chants du gondolier,
Ta nacelle égarât la fille de Venise,
Soit qu’une belle esclave aux rives du Céphise,
T’offrît, en rougissant, un seuil hospitalier,
Où qu’aux pieds de la tour qui se penche sur Pise
Jetant son ombre au loin comme un grand peuplier,
Une jeune toscane à tes côtés assise,
T’apprît de ces secrets qu’on ne peut oublier,

Heureux d’un mot charmant et d’une main pressée,
D’un humide regard qui se lève sur nous,
D’une voix caressante et soudain oppressée,
N’as-tu jamais senti que vivre était bien doux !…

Oui, le cœur du poète a des bonheurs intimes,
Et tu les as goûtés, et ce sont là tes crimes.
On dit que ton sourire a donné le trépas,
Et l’on t’accuse au nom de tes belles victimes,
Et l’Qui pourtant ne t’accusaient pas.

L’homme aux chants inspirés a des ailes ardentes
Dont il voile aux mortels l’éclat trop radieux :
Vous, du sombre Lara rêveuses confidentes,
Fallait-il exiger, Sémélés imprudentes,
Que le dieu tout entier se montrât à vos yeux !