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Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/170

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– Mais aussi, s’écriait le docteur dans son désespoir, pourquoi donc est-il sorti à une heure pareille ! Qu’allait-il faire ?… Ah ! j’aurais dû veiller avec plus de soin sur cette imagination toujours brûlante, sur ce cerveau toujours en ébullition… Sait-on quelles idées fantasques peuvent germer dans une tête de treize ans !

Les agents de police que l’on avait fait venir, crurent, comme le docteur, à un crime.

Ils dirigèrent dans ce sens, leurs investigations.

Plusieurs individus malfamés furent mis en état d’arrestation.

Toute la population de miséreux des berges de la Seine défila dans le commissariat de police de Saint-Cloud, en une grotesque et lugubre théorie.

Tous les damnés de l’existence, tous les vaincus de la bataille sociale furent « raflés »… les sans-le-sou, les sans-logis, les sans-famille.

Il y avait là de tout jeunes hommes et des vieillards, des vieilles femmes au teint parcheminé, au dos courbé par la misère, en compagnie de fillettes de dix ans, nées on ne sait où, on ne sait de qui, échouées dans les parages des berges parce que, là du moins, au milieu des gueux, rebut de la grande et égoïste Ville, elles pouvaient se sentir à l’aise, sinon en sûreté.

Certains de ces pauvres êtres avaient des physionomies intelligentes.

On se demandait quelle fatalité les avait fait descendre si bas.