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Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/171

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Chez d’autres, le regard ne luisait plus que comme un verre dépoli.

On sentait que de trop longues privations avaient fait de ces résignés, des êtres sans force morale ni physique.

De ce qui avait été leur esprit, toute flamme était partie.

Ils étaient devenus imbéciles et idiots.

Et ceux-là étaient renvoyés tout de suite, car on savait bien qu’ils ne pouvaient être dangereux.

D’autres figures portaient le masque d’un invincible désespoir.

Ils étaient nombreux, dans ce groupe.

Ils avaient appartenu à tous les mondes, à toutes les castes sociales.

Un des premiers qui furent arrêtés, n’était autre qu’un authentique marquis, d’une des plus vieilles familles françaises, dont le luxe, sous le second Empire, étonna ses contemporains.

Quand il eut mangé ses biens jusqu’au dernier centime, il était jeune encore, et il eût pu se réhabiliter dans son honneur d’homme, en travaillant.

Il préféra rouler de chute en chute, pour en arriver, finalement, à vivre au milieu des vagabonds, des gueux, des escarpes, des gens sans aveu, sans feu ni lieu, des déclassés de toute catégorie qui, loin de lui marquer leur amitié ou leur estime, se moquaient de ce vieillard, qui avait été un de ces riches qu’ils enviaient ou haïs-