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Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/185

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Les rires ironiques de Jonathan, lorsqu’on parlait de la catastrophe, les plaisanteries qu’il faisait, avaient éveillé les soupçons du jeune homme, qui se promit de le surveiller étroitement.

L’Américain pressentait instinctivement le péril. Il devenait de plus en plus réservé lorsqu’à la table commune, on venait à parler des Rabican.

Un jour même, il lui arriva de déclarer hypocritement que la mort du petit Ludovic était un grand malheur.

M. Bouldu, perdu sans ses réflexions, ne sourcilla pas ; mais Yvon jeta au Yankee un regard si foudroyant, si indigné, que celui-ci s’arrêta net au milieu de sa phrase, rougit, balbutia, et se remit à manger en silence, le nez dans son assiette.

Une foule de menus faits du même genre venaient, chaque jour, attirer l’attention du jeune homme.

Petit à petit, une conviction confuse se précisait dans son esprit.

S’il était arrivé malheur à Ludovic, Jonathan devait y être pour quelque chose.

Malheureusement, Yvon n’avait pas de preuves.

Mais, avec l’entêtement d’un véritable Breton, il se jura d’en trouver.

Dès lors, avec une patience de détective, il épia et nota les moindres gestes du Yankee, enregistra ses paroles ; et dans cette surveil-