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Page:Guitton - Le Rouge - La Princesse des airs - En ballon dirigeable, 1900.djvu/91

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auquel il faisait illusion au reste de la famille, et apparaissait sombre et soucieux.

C’est que, malgré la résolution qu’il en avait prise, il ne pouvait se décider, sans remords, à son escapade.

Bien des fois, il fut sur le point d’y renoncer.

Il se représentait la douleur de sa mère, l’affliction et la colère de son père, le chagrin de sa chère Alberte et de son ami Yvon Bouldu, lorsqu’on s’apercevrait de sa disparition.

Il était bien obligé d’en convenir avec lui-même, il allait agir, envers ses parents, avec une noire ingratitude.

Le mercredi soir, la veille même du jour fixé pour l’ascension, il était encore indécis.

Après avoir embrassé ses parents, non sans émotion, – c’était peut-être la dernière fois qu’il les embrassait, – il se retira dans sa chambre, en proie à une extrême agitation.

De sa fenêtre, au premier étage, il apercevait les jardins de l’institut, dont les massifs d’arbustes rares étaient vivement éclairés par la lune ; et tout là-bas, derrière les futaies bleuissantes du parc, la silhouette d’une masse blanche, à peine visible dans la nuit, dont la seule vue lui faisait battre le cœur. C’étaient les ateliers de la Princesse des Airs.

Allait-il donc, pour satisfaire une de ses volontés, plonger dans les larmes toute sa famille !

Il ne s’en sentait plus le courage.

Il souffrait tellement de cette lutte intérieure,