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Page:Guitton - Le Rouge - La princesse des airs - De roc en roc, 1900.djvu/142

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russe du Caucase où, d’après l’itinéraire qu’ils lui avaient laissé, son père et ses amis devaient alors se trouver.

En sortant du bureau de poste, Karl se dirigea, tout pensif, du côté de la Seine, pour prendre le bateau qui devait le ramener à Saint-Cloud.

Il avait le cœur gros. Au fond, sans s’en bien rendre compte lui-même, il était un peu jaloux de son père et de ses amis, qui allaient accomplir sans lui le voyage de Paris à l’Himalaya.

Il ne put s’empêcher de pousser un soupir, en songeant que la dépêche qu’il venait de lancer, courant déjà sur les fils des réseaux télégraphiques européens, allait, plus heureuse que lui, rejoindre les voyageurs déjà parvenus en plein Caucase.

Il eut bien voulu, comme eux, pénétrer dans ces contrées où avaient fleuri et s’étaient éteintes des civilisations inconnues.

C’est de ces profondes steppes asiatiques, qui semblent un des plus vastes réservoirs de la vitalité de la race humaine, que s’étaient élancés les conquérants qui avaient dévasté le monde, et les religions qui l’avaient moralisé.

Pendant que le bateau l’emportait vers Saint-Cloud, il évoquait par la pensée, les empereurs et les apôtres asiatiques dont il avait lu l’histoire : Houlagou, le destructeur et le conquérant féroce qui ne laissait que le désert partout où il avait passé ; Timour-Lenk qui construisait des pyramides avec les crânes de ses ennemis, et qui