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Page:Guitton - Le Rouge - La princesse des airs - De roc en roc, 1900.djvu/143

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éleva, un jour, un rempart avec les corps encore vivants de ses prisonniers, qu’il fit murer malgré leurs supplications, entre des pierres et du mortier, pour laisser aux générations futures, un éternel monument de ses instincts barbares.

Les temps avaient passé, les empires des conquérants s’étaient écroulés, l’Asie centrale était retournée à son mystère ; et ses déserts étaient redevenus impénétrables aux investigations de la science européenne, pendant qu’il s’y préparait peut-être une nouvelle religion ou une nouvelle invasion de barbares.

C’était ces antiques contrées que son père et ses amis allaient traverser à la recherche des naufragés de la Princesse des Airs.

Cette réflexion fit comprendre à Karl à quels puérils sentiments il avait obéi en jalousant le sort des explorateurs, et il ne regretta plus sa présence parmi eux pour le plaisir qu’il aurait eu à partager leurs dangers et à les défendre contre les ennemis.

Cependant Karl, qui était doué d’un grand bon sens et d’une résignation extraordinaire, finit par se répéter le raisonnement qu’il se faisait presque tous les jours depuis le départ de son père :

— Malgré les difficultés du voyage, se dit-il, il est certain que nos chers explorateurs sont dans les meilleures conditions possibles de succès. Jusqu’à Sa-markande où le chemin de fer transcapien les déposera, ils ne courent aucun danger.