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Page:Guitton - Le Rouge - La princesse des airs - De roc en roc, 1900.djvu/165

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les épaules, je ne le crains pas. Et de cette façon, il nous rendra des services malgré lui. D’ailleurs n’est-il pas converti ?

Et le professeur poussa un formidable éclat de rire.

Il lui semblait plaisant, d’abord, que Jonathan Alcott fût converti ; en second lieu, qu’on eût quelque chose à craindre de lui.

Yvon Bouldu, qui trouvait fort intempestive l’humeur facétieuse du professeur, ne répondit pas un seul mot, et se replongea avec acharnement dans l’étude de l’alphabet thibétain.

Le voyage de Constantinople à Poti devait durer environ une semaine. La vie à bord s’organisa.

Le temps continua à se montrer parfaitement beau. Aussi M. Bouldu et les Rabican passaient-ils la majeure partie de leurs temps sur la passerelle.

De là, ils dominaient l’avant, où s’entassaient les passagers de seconde classe.

Jamais foule ne fut plus disparate.

Il y avait là des Turcs en redingote noire et en fez, des Arméniens en turban noir et en robe bleue, des Russes en touloupes graisseux, des Circasiens au profil d’une régularité admirable, des Persans coiffés d’un haut bonnet d’astrakan ou de feutre et aussi bon nombre d’Européens, entre autres une demi-douzaine de commis-voyageurs allemands, et toute une famille de Piémontais, embauchés pour des travaux du chemin de fer de Sibérie.