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Page:Guitton - Le Rouge - La princesse des airs - Les Robinsons de l’Himalaya, 1900.djvu/11

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son, il ne s’endormait jamais sans s’être assuré que son adversaire s’était lui-même endormi.

Une nuit, le jeune homme n’entendit pas l’Américain s’enfermer à double tour, suivant son habitude, dans la petite chambre qu’il occupait, non loin de celle de M. Bouldu.

Peu après, il lui sembla distinguer, dans le silence de la nuit, des bruits de pas, des frôlements étouffés par les épais tapis dont le plancher des paliers et des vestibules était recouvert.

Yvon s’attendait à tout de la part de Jonathan.

Il s’habilla promptement, glissa ses pieds dans des pantoufles de feutre, mit à tout hasard son revolver dans la poche de côté de son veston, et s’aventura à son tour, retenant son souffle, s’étudiant à ne pas faire crier les parquets, du côté où il avait cru entendre marcher, c’est-à-dire du côté de la chambre de M. Bouldu.

Le cœur du jeune homme battait à se rompre.

La terrible pensée que le Yankee était peut-être en train d’attenter à la vie de son père, hâta la marche d’Yvon.

En arrivant à l’entrée du petit salon, il fut fort étonné de voir de la lumière filtrer au-dessous de la porte. Il colla son œil au trou de la serrure, et demeura béant de surprise, devant l’étrange spectacle qui s’offrait à ses regards.

Jonathan Alcott, les yeux brillants et les sourcils froncés par l’extrême attention qu’il apportait à sa tâche, était debout, devant le coffre-fort. Dans ses mains, gantées de gutta-percha,