Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/102

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Alors le roi ordonna qu’il fût saisi et conduit à Chalons chargé de liens. Tous les deux ayant été confrontés en la présence du roi, et Chaudon soutenant qu’il ne s’était nullement permis l’action dont on l’accusait, le roi ordonna le combat. Le chambellan présenta son neveu pour combattre à sa place. Tous deux se rendirent sur le champ, et le jeune homme, ayant poussé sa lance contre le garde des forêts, lui perça le pied. Celui-ci tomba aussitôt en arrière ; et comme le jeune homme, tirant le couteau qui pendait à sa ceinture, tâchait de lui couper la gorge, l’autre lui perça le ventre de son couteau. Tous deux tombèrent morts ; ce que voyant, Chaudon prit la fuite pour se rendre à la basilique de Saint-Marcel [de Chalon] ; mais le roi s’écriant qu’on le prit avant qu’il n’atteignit le seuil de l’édifice sacré, il fut pris, attaché à un poteau, et lapidé. Le roi eut ensuite un grand repentir de s’être laissé aller si promptement à la colère, et d’avoir fait mourir avec tant de précipitation, pour une petite faute, un homme qui lui était nécessaire et fidèle.

Clotaire, fils du défunt roi Chilpéric, tomba grièvement malade, et parut tellement désespéré qu’on annonça sa mort au roi Gontran, en sorte qu’il partit de Châlons pour aller à Paris, et vint jusqu’aux confins du territoire de la ville de Sens : mais lui, ayant appris que Clotaire se portait mieux, il revint sur ses pas. Sa mère Frédégonde, le voyant désespéré, avait doté une forte somme à la basilique de Saint-Martin, et alors la santé de son fils commença à s’améliorer. Elle envoya aussi des messagers à Waroch, afin qu’il délivrât, pour racheter la vie à son fils, les hommes qu’il retenait encore en Bretagne, de l’armée du roi