Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/104

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ries données au monastère par la dévotion des fidèles. Elle fit tant de mal en ce lieu qu’à peine serait-il possible de le raconter. Après avoir pris toutes les choses que j’ai dites, elle rentra à Poitiers, vomissant beaucoup de faussetés contre l’abbesse qui était sa proche parente.

En ces jours-là, il y eut un de nos prêtres qui, infecté du venin de l’hérésie saducéenne, niait la résurrection à venirxxv ; et comme nous lui affirmions qu’elle avait été prédite par les saintes Écritures, et enseignée par l’autorité des traditions apostoliques, il répondit : « Il est clair que c’est l’opinion générale ; mais nous ne sommes pas certains que cela soit, d’autant plus que le Seigneur, irrité contre le premier homme qu’il avait formé de ses mains sacrées, lui dit : Vous mangerez votre pain à la sueur de votre visage, jusqu’à ce que vous retourniez en terre d’où vous avez été tiré ; car vous êtes poudre et vous retournerez en poudre[1]. Que répondez-vous à cela, vous qui prêchez une résurrection future, puisque la Divinité ne promet pas de faire vivre de nouveau l’homme retourné dans la poussière ? — Je pense, lui dis-je, qu’aucun catholique n’ignore ce qu’ont dit, à cet égard, soit le Seigneur lui-même, notre rédempteur, soit les Pères qui nous ont précédés. Ainsi, dans la Genèse, quand les Patriarches mouraient, Dieu disait : Il fut réuni à son peuple, et il mourut dans une heureuse vieillesse[2]. Et, il dit à Caïn : La voix du

  1. Gen., chap. 3, v. 19
  2. ibid. chap. 25, v. 8.