Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/157

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du jugement, terrible à tous les coupables, si vous ne voulez, au jour de ce jugement, aller remplis de confusion et condamnés avec le diable, ne faites jamais détruire ces livres et ne les faites point récrire, choisissant certaines parties et en omettant d’autres ; mais qu’ils demeurent sans altération et en entier, tels que tous les avons laissés. Que si, par hasard, évêque de Dieu, qui que tu sois, notre Martin[1] l t’a instruit dans les sept sciences ; s’il t’a appris à lire selon les règles grammaticales ; à rétorquer dans la dispute les argumens de la dialectique ; à connaître, par la rhétorique, la nature des mètres ; à distinguer, par la géométrie, la longueur des lignes et les mesures de la terre ; par l’astrologie, à contempler le cours des astres ; par l’arithmétique, à rassembler les diverses parties des nombres ; et, par l’harmonie, à faire résonner, sur les modulations de la musique, le doux accent des vers ; fusses-tu exercé dans tous ces arts, quelque grossier que te paraisse notre style, je t’en supplie, n’efface point ce que j’ai écrit. Mais si tu y trouves quelque chose qui te plaise, je ne refuse point, en conservant notre ouvrage tel qu’il est, que tu l’écrives en vers.

  1. Martianus Mincus Felix Capella, né en Afrique, peut-être à Carthage, et qui écrivit, vers le milieu du Ve siècle, un ouvrage intitulé Satyricon, et divisé en neuf livres, espèce d’encyclopédie, moitié en prose, moitié en vers. Les deux premiers livres forment un ouvrage distinct ; c’est l’apothéose de la philologie et son mariage avec Mercure, sous la forme d’une allégorie. Dans les sept derniers Capella traite des sept sciences qu’énumère ici Grégoire de Tours, et qui embrassaient alors toutes les études. Cet ouvrage, écrit en style barbare, valut à son auteur une grande célébrité, et fut longtemps adopté dans les écoles du moyen âge.