Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

garçons et autant de filles vers saint Jean évêque de Constantinople, dit qu’elle était une femme du peuple, et demanda au bienheureux Jean la grâce du baptême.

Elle fut baptisée par le pontife lui-même, et la femme de l’empereur Maurice la tint sur les fonts sacrés. Comme l’empereur de Perse envoyait souvent des députés pour redemander sa femme, et que l’empereur Maurice ne savait pas que ce fut cette Cæsara, l’impératrice, voyant qu’elle était très-belle, soupçonna qu’elle pourrait bien être celle que demandaient les députés et elle leur dit : « Une certaine femme est venue ici de la Perse, disant qu’elle était une femme du peuple : voyez-la, c’est peut-être celle que vous cherchez. » Les députés l’ayant vue se prosternèrent à terre pour l’adorer, disant que c’était la maîtresse qu’ils cherchaient. L’impératrice dit à Cæsara : « Rendez-leur une réponse. » Alors elle répondit : « Je ne parlerai pas à ces hommes, leur vie est comme celle des chiens ; s’ils se convertissent et deviennent chrétiens comme moi, alors je leur répondrai. » Les députés reçurent volontiers la grâce du baptême. Alors Cæsara leur dit : « Si mon mari veut se faire chrétien et recevoir la grâce du baptême, je retournerai volontiers vers lui ; autrement je n’y retournerai pas du tout. » Les députés ayant annoncé ces choses à l’empereur de Perse, il envoya aussitôt une ambassade à l’empereur Maurice, pour faire venir saint Jean à Antioche, parce qu’il voulait recevoir le baptême de lui. Alors l’empereur Maurice fit faire à Antioche des préparatifs immenses ; l’empereur de Perse y fut baptisé avec soixante-mille