Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/182

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serré, à peine le tiers de l’armée de Théodoric avait passé que le combat commença ; Bertoald s’avança selon leur convention appelant Landri. Mais Landri n’osa pas, comme il l’avait promis, affronter le péril d’un tel combat. Bertoald s’étant trop avancé, fut tué avec les siens par l’armée de Clotaire ; sachant que Protadius voulait le dégrader de sa dignité, il ne voulut pas s’échapper. Mérovée, fils de Clotaire, fut pris ; Landri fut mis en fuite, et un grand nombre des soldats de Clotaire furent taillés en pièces. Théodoric entra en triomphe dans Paris, Théodebert conclut la paix avec Clotaire à Compiègne ; et les deux armées retournèrent dans leur pays sans plus de carnage.

La dixième année du règne de Théodoric, Protadius, à l’instigation de Brunehault et par l’ordre de Théodoric, fut créé maire du palais. Il était d’une extrême finesse et d’une grande habileté en toutes choses, mais il exerça contre certains hommes de cruelles iniquités, accordant trop aux droits du fisc, et s’efforçant, par toute sorte d’artifices, de le remplir et de s’enrichir lui-même des dépouilles des biens d’autrui. Il s’appliquait à abaisser autant de nobles qu’il en pouvait trouver, pour qu’il n’en restât aucun en état de s’emparer du rang auquel il s’était élevé. Par ces persécutions acharnées, il se fit des ennemis de tous les sujets du royaume de Bourgogne.

Brunehault engageait continuellement son petit-fils Théodoric à faire marcher une armée contre Théodebert, lui disant : « Qu’il était fils, non de Childebert, mais d’un certain jardinier. » Protadius le lui conseillait aussi. Théodoric ordonna enfin de lever