Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/181

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sachant, Clotaire envoya son fils Mérovée et Landri, maire du palais, avec une armée, pour tuer Bertoald. Cette armée se permit, contre les termes du traité, d’envahir la plupart des bourgs et des cités situés entre la Seine et la Loire et qui appartenaient à Théodoric.

Bertoald, en ayant reçu la nouvelle et n’étant pas en force pour résister, s’enfuit à Orléans, où il fut reçu par le saint évêque Austrin ; Landri ayant entouré Orléans avec son armée, appela Bertoald pour qu’il en vînt aux mains. Bertoald lui répondit du haut du rempart : « Si tu veux m’attendre, pendant que les troupes resteront immobiles, nous engagerons un combat singulier, et Dieu nous jugera. » Mais Landri fut loin d’y consentir. Bertoald ajouta : « Puisque tu n’oses souscrire à cela, bientôt nos maîtres en viendront aux mains par suite de tout ce que vous faites. Couvrons-nous alors de vêtemens vermeils[1] ; précédons les autres au lieu où sera le combat, c’est là qu’on verra ma bravoure et la tienne ; jurons l’un et l’autre devant Dieu que nous tiendrons cette promesse. »

Cela fait, le jour de la fête de saint Martin, Théodoric, ayant appris que, contre le traité, Clotaire avait envahi une partie de son royaume, traversa le Loet[2], se dirigea avec une armée, le jour de Noël, à Etampes, où Mérovée, fils du roi Clotaire, vint au-devant de lui avec Landri et une grande armée. Comme l’endroit ou l’on passe le Loet était fort res-

  1. Vetlibus vermiclis ; costume des riches Francs dans les occasions solennelles, et surtout dans les combats singuliers.
  2. Petite rivière qui se jette dans la Juine un peu au dessous d’Étampes.