Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
181
DE FRÉDÉGAIRE.

blissent la paix entre Théodoric et Théodebert ; mais Bilichilde, par le conseil des Austrasiens, refusa d’y venir.

La quatorzième année du règne de Théodoric, la réputation de saint Colomban s’était accrue dans les cités et dans toutes les provinces de la Gaule et de la Germanie. Il était tellement célébré et vénéré de tous que le roi Théodoric se rendait souvent auprès de lui à Luxeuil pour lui demander avec humilité la faveur de ses prières. Comme il y allait très-souvent, l’homme de Dieu commença à le tancer, lui demandant pourquoi il se livrait à l’adultère avec des concubines plutôt que de jouir des douceurs d’un mariage légitime ; de telle sorte que la race royale sortît d’une honorable reine et non pas d’un mauvais lieu. Comme déjà le roi obéissait à la parole de l’homme de Dieu et promettait de s’abstenir de toutes choses illicites, le vieux serpent se glissa dans l’ame de son aïeule Brunehault qui était une seconde Jézabel, et l’excita contre le saint de Dieu par l’aiguillon de l’orgueil. Voyant Théodoric obéir à l’homme de Dieu, elle craignit que, si son fils, méprisant les concubines, mettait une reine à la tête de la cour, elle ne se vît retrancher par là une partie de sa dignité et de ses honneurs. Il arriva qu’un certain jour saint Colomban se rendit auprès de Brunehault qui était alors dans le domaine de Bourcheresse[1]. La reine l’ayant vu venir dans la cour amena au saint de Dieu les fils que Théodoric avait eus de ses adultères. Les ayant vus, le saint demanda ce qu’ils lui voulaient. Brunehault lui dit : « Ce sont les fils du

  1. Entre Châlons et Autun.