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CHRONIQUE

tèrent aussi une victoire, et emmenèrent, ainsi que les Allemands, un grand nombre de captifs Esclavons. Mais les Austrasiens ayant entouré Wogastiburg, où s’étaient renfermés la plupart des plus braves Wénèdes, après avoir combattu pendant trois jours, ils furent taillés en pièces, et abandonnant, pour fuir, leurs tentes et tous leurs équipages, s’en retournèrent dans leur pays. À la suite de cela, les Wénèdes, ravageant à plusieurs reprises la Thuringe et les lieux voisins, se jetèrent sur le royaume des Francs. Dervan, duc des Sorabes, peuple d’origine esclavonne, et qui avait autrefois été soumis aux Francs, se rendit, avec ses sujets, sous le pouvoir de Samon. Ce ne fut pas tant le courage des Wénèdes qui leur fit remporter cette victoire sur les Austrasiens, que l’abattement de ceux-ci qui se voyaient haïs de Dagobert et continuellement dépouillés par lui.

Cette année Charoald, roi des Lombards, envoya secrètement des messagers au patrice Hisace, pour le prier de tuer, comme il pourrait, Tason, duc de la province de Toscane. Pour ce bienfait, le roi Charoald promit de remettre à l’Empire cent livres d’or d’un tribut annuel de trois cents livres qu’il en recevait. À cette proposition, le patrice Hisace réfléchit sur la manière dont il pourrait exécuter cette action. Il manda artificieusement à Tason que, puisqu’il avait encouru la haine de Charoald, il n’avait qu’à lier amitié avec lui, et que lui le secourrait contre le roi. Séduit par cette ruse, le duc Tason vint à Ravenne. Hisace ayant envoyé au-devant de lui, lui fit dire qu’il n’osait, par crainte de l’empereur, le recevoir armé avec sa suite dans les murs de Ravenne.