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CHRONIQUE

mens, à tous les ducs et évêques du royaume de Bourgogne, qu’il conserverait chacun dans ses biens et honneurs, ainsi qu’en son amitié. Revêtu d’un si haut emploi, Flaochat parcourut le royaume de Bourgogne, et, se rappelant une ancienne haine qu’il avait longtemps cachée dans son cœur, il médita de faire périr le patrice Willebad.

Willebad, opulent en richesses, les avait gagnées en enlevant par divers moyens les biens d’un grand nombre de gens. Gonflé d’orgueil à cause de son titre de patrice et de ses immenses possessions, il était insolent avec Flaochat et tâchait de l’abaisser. Flaochat, ayant convoqué à Châlons les évêques et les ducs du royaume de Bourgogne, fixa un plaid au mois de mai pour traiter des intérêts de la patrie : Willebad y vint avec une grande suite. Flaochat méditait de le faire périr, ce que voyant, Willebad refusa d’entrer dans le palais. Flaochat sortit pour le combattre ; mais Amalbert, frère de Flaochat, s’étant entremis pour les apaiser, au moment où ils allaient combattre, Willebad le retint, et échappa ainsi au danger : d’autres personnes vinrent aussi, et ils se séparèrent sans s’être fait aucun mal ; mais ensuite Flaochat s’occupa avec ardeur des moyens de faire mourir Willebad. Cette année mourut la reine Nantéchilde. La même année, au mois de septembre, Flaochat avec le roi Clovis, Erchinoald aussi maire du palais, et quelques grands de Neustrie, quittant Paris, ils vinrent à Autun, par Sens et Auxerre, et le roi Clovis ordonna au patrice Willebad de se rendre vers lui. Willebad voyant que Flaochat, son frère Amalbert, et les ducs Amalgaire et Chramnélène avaient formé le méchant dessein de