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DE FRÉDÉGAIRE.

sions et des perfidies que ces gens-là lui faisaient subir, ainsi que des charges et tributs que, contre toute justice, ils imposaient aux Romains. Le roi Pépin voulut que le pape Etienne passât l’hiver à Paris, dans le monastère de Saint-Denis, et qu’il y fût traité avec toutes sortes de soins. Il envoya en même temps des députés à Astolphe, roi des Lombards, l’engageant, par respect pour les saints apôtres Pierre et Paul, à ne plus entrer en ennemi sur le territoire de Rome, et à faire cesser, par égard pour lui-même, les tributs impies ou illégitimes que les Romains ne payaient pas auparavant.

Astolphe ayant dédaigné de faire ce que le roi Pépin lui demandait par ses députés, l’année suivante ledit roi ordonna à tous les Francs de se rendre auprès de lui, selon la coutume, au commencement de mars, et à Braine. Là, après en avoir délibéré avec ses grands, et à l’époque où les rois sont dans l’usage de commencer la guerre, le roi Pépin, le pape Etienne, les guerriers Francs et tous les peuples du royaume formant une multitude immense, marchèrent vers la Lombardie, en traversant les cités de Lyon et de Vienne, et arrivèrent dans la Maurienne. À ces nouvelles, le roi Astolphe rassemblant toutes les troupes des Lombards, s’avança jusqu’aux Cluses d’Italie, défilé clos qui aboutit au Val-de-Suze, y dressa son camp, et, bien muni d’armes et de machines, se prépara à soutenir criminellement les iniquités qu’il avait commises contre la république et le saint Siège de Rome. Le roi Pépin s’était arrêté dans la Maurienne avec son armée. Les rochers et les montagnes ne lui permettaient pas d’avancer ; cependant un petit nombre de