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CHRONIQUE

dévasta, tua beaucoup de guerriers, emmena captifs beaucoup d’hommes et de femmes, et fit un butin considérable. Les Saxons émus de repentir, et saisis de leurs craintes accoutumées, invoquèrent la démence du roi, lui demandant la paix, offrant des sermens et des tributs bien plus forts que ceux qui leur étaient naguère imposés, et s’engageant à ne plus se révolter désormais. Le roi Pépin, avec la faveur du Christ, revint en grand triomphe au fort de Bonn, sur le Rhin. Là, un messager arrivant de Bourgogne lui annonça que son frère Griffon qui avait trouvé pendant long-temps un asile en Gascogne, chez le duc Waïfer, avait tenté de passer en Lombardie pour y tramer des intrigues contre le roi, et qu’il avait été tué à Saint-Jean-de-Maurienne sur la rivière de l’Arve, par Théodouin, comte de Vienne, et Frédéric, comte des districts au-delà du Jura. Ces deux comtes avaient aussi été tués dans le combat.

Le roi Pépin traversa la forêt des Ardennes, et se trouvait à Thionville sur la Moselle, lorsqu’un autre messager lui vint dire que le pape Etienne, parti de Rome avec beaucoup de pompe et chargé de présens, avait déjà passé le grand Saint-Bernard et se rendait vers lui. À cette nouvelle, le roi, plein de joie, ordonna que le pape fût reçu avec de grands honneurs, et envoya au devant de lui son fils Charles, lui enjoignant de lui amener le pape à sa maison de Ponthion. Le pape Etienne y étant arrivé[1] fit beaucoup de présens, tant au roi qu’aux autres Francs, et réclama leur secours contre la nation des Lombards et son roi Astolphe, les suppliant de le délivrer des oppres-

  1. En 754.