Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paix avec l’évêque qui était connu pour ennemi de ce roi.

En ce temps, Reccared, roi d’Espagne, touché de la miséricorde divine, assembla les évêques de sa religion, et leur dit : « Pourquoi s’élève-t-il sans cesse des querelles entre vous et les prêtres qui se disent catholiques ? Et tandis qu’ils manifestent leur croyance par beaucoup de miracles, pourquoi ne pouvez-vous faire rien de tel ? Rassemblez-vous donc, je vous en prie, les uns avec les autres, et discutez les croyances des deux partis, afin que nous connaissions quelles sont les véritables ; ils se rendront à vos raisons et croiront ce que vous dites, ou vous reconnaîtrez que la vérité est de leur côté, et croirez ce qu’ils prêchent. » La chose s’étant faite ainsi, les évêques des deux partis s’assemblèrentxv, et les hérétiques avancèrent les propositions contenues dans les discours que nous avons déjà rapportés de plusieurs d’entre eux. De leur côté, les évêques de notre religion leur opposèrent ces raisons par lesquelles nous avons déjà montré, dans les livres précédents, les hérétiques plusieurs fois vaincus. Le roi remarquait surtout que les évêques des hérétiques ne faisaient apparaître sur les malades aucune guérison miraculeuse, et il se rappelait comment, du temps de son père, un de ces évêques, qui se vantait, par les mérites de sa fausse croyance, de rendre la lumière aux aveugles, avait touché un aveugle, et, plein de confusion, l’avait renvoyé condamné à une cécité perpétuelle ; ce que nous avons exposé au long dans le livre des Miracles[1] xvi. Il appela donc de nouveau à lui les prêtres

  1. Voir le liv. 2 de Grégoire de Tours ; ce n’était pas du