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CHRONIQUE

bien que personne n’en pouvait sortir. Le roi Astolphe, perdant tout espoir de salut, s’adressa de nouveau, en suppliant, aux évêques et aux seigneurs Francs ; promettant de réformer tout-à-fait et d’après leur jugement toutes ses injustices envers le Saint-Siège de Rome, offrant de renouveler les sermens qu’il avait violés et demandant avec instance la paix. Le roi Pépin, de nouveau touché de pitié, selon sa coutume, lui accorda encore une fois, par l’entremise de ses grands, la vie et son royaume. Le roi Astolphe, d’après la décision des grands et des évêques, donna au roi Pépin le tiers des trésors qu’il avait dans Pavie et fit à tous ses guerriers des présens beaucoup plus considérables que les premiers. Enfin il s’engagea par serment et en livrant des otages, à ne plus se révolter jamais contre le roi Pépin et les seigneurs Francs, et à leur envoyer chaque année, par ses messagers, les tributs que très-anciennement les Lombards payaient aux rois des Francs. Pépin, ainsi vainqueur et presque sans combat, revint dans son royaume, chargé de trésors et ramenant tous ses guerriers, et le pays se reposa de guerres pendant deux ans.

Dans la suite le roi Astolphe se livrant à la chasse au milieu d’une forêt, et frappé du jugement de Dieu, fut renversé de son cheval contre un arbre, et par une mort cruelle, mais méritée, perdit son royaume et la vie[1]. Les Lombards, avec le consentement du roi Pépin, et d’après l’avis de ses grands, élevèrent Didier sur le trône de leur pays.

  1. En 756.