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CHRONIQUE

partie de l’Aquitaine. Le prince Waïfer demanda alors la paix par des députés, et s’engagea par serment, et en livrant des otages, à réparer, dans un plaid convoqué à cet effet, tous les torts dont s’était plaint le roi Pépin qui retourna avec toute son armée, et sans aucune perte, dans ses propres États.

L’année suivante, c’est-à-dire, la dixième de son règne[1], Pépin ordonna à tous les seigneurs Francs de se rendre au champ de mai, à Duren, dans le pays des Ripuaires, pour y traiter des intérêts de la patrie. Sur ces entrefaites, Waïfer forma le coupable projet de surprendre par ruse le roi des Francs : il s’entendit avec Chunibert, comte du Berry, et Blandin, comte d’Auvergne, qui, envoyé vers Pépin l’année précédente, ainsi que Bertellan, évêque de la cité du Berry, avait grandement excité par son langage la colère dudit roi. Accompagné de ces comtes, Waïfer fit passer en secret toute son armée jusqu’à la ville de Châlons, et là il dévasta tout le pays d’Autun, et incendia les faubourgs mêmes de Châlons, avec tout ce qui s’y trouvait ; il mit le feu au domaine de Meillac, propriété du roi, et ne rencontrant aucune résistance, retourna dans ses États chargé de dépouilles et de butin. Lorsque Pépin fut informé que Waïfer, oubliant ses sermens, avait ravagé la plus grande partie de son royaume, il fut saisi d’un violent courroux, et ordonna à tous les Francs de se réunir en armes pour marcher vers la Loire. À la tête d’une nombreuse armée, il se rendit à Troyes, de là à Nevers par Auxerre, et passant la Loire, il arriva au fort de Bourbon-l’Archambaut dans le Berry. Ce fort, auprès duquel il dressa

  1. En 761.