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CHRONIQUE

fit réparer dans la suite et en confia la garde à ses guerriers. À la fin de cette année, il revint avec toutes ses troupes dans ses États.

L’année suivante[1], ayant convoqué tous les guerriers Francs, et passant par les villes de Troyes et d’Auxerre, il se rendit à Nevers, et là tint, avec tous ses grands, son plaid du champ de mai. Passant ensuite la Loire, il entra en Aquitaine, s’avança jusqu’à Limoges, dévasta toute la contrée et fit surtout incendier les domaines de Waïfer. Beaucoup de monastères furent dépeuplés par ses ravages. Marchant de là sur Issoudun, le roi prit et ravagea la partie de l’Aquitaine où il y avait le plus de vignes. Ainsi le pays d’où l’Aquitaine toute entière, les monastères comme les églises, et les pauvres comme les riches, avaient coutume de tirer du vin, fut occupé et pillé par les Francs. Waïfer, rassemblant alors une grande armée, formée surtout des Gascons qui habitent au-delà de la Garonne, et portaient autrefois le nom de Basques, marcha contre Pépin ; mais, selon leur coutume, tous les Gascons tournèrent le dos, et beaucoup tombèrent sous les coups des Francs. Le roi fit poursuivre Waïfer jusqu’à la nuit, et il échappa à grand’peine avec quelques-uns des siens. Dans ce combat fut tué Blandin, comte d’Auvergne, que le roi Pépin avait pris peu auparavant, et qui s’était évadé pour rejoindre Waïfer. Pépin, ainsi vainqueur avec l’aide de Dieu, revint en grand triomphe à Digoine, auprès de la Loire, et rentra dans ses États,

  1. C’est à l’an 763 et non à l’an 766, comme semblent l’indiquer ces mots, qu’appartiennent les événemens rapportés dans ce paragraphe, qui a été probablement transposé dans les manuscrits.