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DE FRÉDÉGAIRE.

ainsi une guerre continuelle, Chilping, comte d’Auvergne, rassembla des troupes et entra en Bourgogne dans le diocèse de Lyon pour y faire du butin. Adalard, comte de Châlons, et le comte Australd, marchèrent contre lui avec leurs guerriers ; ils se combattirent rudement sur le bord de la Loire, mais Chilping fut tué dans le combat par les comtes que je viens de nommer, et tous ceux qui l’entouraient périrent également. À cette vue les Gascons tournèrent le dos, et un petit nombre se sauva dans les bois et les marais. Amanugues, comte de Poitiers, ravageant pareillement le territoire de Tours, fut tué par les hommes de Wulfard, abbé du monastère de Saint-Martin. La plupart de ceux qui l’avaient accompagné eurent le même sort ; quelques-uns seulement réussirent à s’échapper. Pendant que cela se passait, Rémistan, oncle de Waïfer, vint trouver le roi Pépin, et s’engagea par serment à lui demeurer toujours fidèle ainsi qu’à ses fils. Pépin le reçut au nombre des siens, et lui fit de riches présens d’or, d’argent, d’habits, d’armes et de chevaux.

Ayant fait reconstruire ensuite depuis les fondemens le fort d’Argenton en Berry, et voulant y envoyer ses comtes pour le garder, le roi Pépin concéda ce fort à Rémistan avec la moitié du Berry jusqu’à la rivière du Cher, pour qu’il le défendît contre les attaques de Waïfer. Le prince Waïfer voyant que le roi des Francs, à l’aide de ses machines, avait pris le fort de Clermont, ainsi que Bourges, capitale de l’Aquitaine, et ville très-fortifiée, désespéra de lui résister désormais, et fit abattre les murs de toutes les villes qui lui appartenaient en Aquitaine, savoir, Poitiers, Limoges, Saintes, Périgueux et beaucoup d’autres. Le roi Pépin les