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CHRONIQUE

de comtes fidèles, et marcha lui-même avec le reste des Francs à la poursuite de Waïfer. N’ayant pu l’atteindre et l’hiver s’approchant, il revint avec son armée à Bourges, où était restée la reine.

Sur ces entrefaites, Rémistan, fils d’Eudes, manqua à la foi qu’il avait jurée au roi Pépin, et se remit du parti de Waïfer, qui le reçut avec grande joie, comptant sur son secours pour faire la guerre au roi des Francs. Rémistan montra une grande fureur contre Pépin et les garnisons des villes qui naguère lui étaient confiées. Il ravagea le territoire de Bourges et de Limoges, à tel point qu’aucun colon n’osait labourer les champs ni cultiver les vignes. Cependant le roi Pépin passa tout l’hiver dans son palais de Bourges avec la reine Bertrade. Il envoya son armée hiverner en Bourgogne, et, d’après l’avis des évêques, célébra solennellement à Bourges les fêtes de Noël et de la sainte Épiphanie.

L’année ayant fini son cours, Pépin rappela, vers le milieu de février[1], l’armée qu’il avait envoyée passer l’hiver en Bourgogne, et, décidé à tendre des embûches à Rémistan, il fit partir en secret Hermenald, Béranger, Childerad et Chunibert, comte du Berry, avec plusieurs autres comtes et Leudes, les chargeant de s’emparer de la personne de cet infidèle. Il marcha ensuite lui-même avec son armée pour attaquer Waïfer. De son côté, la reine Bertrade alla à Orléans et de là se rendit par eau au château de Selles, situé sur le bord de la Loire.

On vint peu après annoncer au roi que les députés qu’il avait jadis envoyés à Almanzor, roi des Sarrasins,

  1. En 768.