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CHRONIQUE

promptitude admirable. Waïfer, informé de son approche, prit la fuite, selon son usage. Pépin envoya de quatre côtés différens les comtes de sa cavalerie et ses Leudes, pour qu’ils le cherchassent partout. Sur ces entrefaites, le prince Waïfer fut tué par les siens à l’instigation du roi, d’après ce qu’on rapporte. Pépin s’étant alors emparé de toute l’Aquitaine, car les Aquitains vinrent tous se soumettre à son pouvoir, comme par le passé, il revint en grand triomphe à Saintes, où était demeurée la reine Bertrade.

De retour dans cette ville, et pendant qu’il y traitait des affaires de la patrie, le roi, saisi d’une certaine fièvre, commença à être malade, et partit laissant là ses comtes et ses juges. Il se rendit par Poitiers dans la ville de Tours, au monastère de Saint-Martin, et y fit de grandes largesses tant aux pauvres qu’aux monastères et aux églises. Il supplia saint Martin d’invoquer, pour ses péchés, la miséricorde du Seigneur. Se remettant ensuite en marche avec la reine Bertrade et ses fils Charles et Carloman, il arriva à Paris et demeura quelque temps dans le monastère de Saint-Denis. Voyant alors qu’il touchait à la fin de sa vie, il fit venir tous ses grands, tant les ducs et les comtes que les prêtres et les évêques, et là, avec leur consentement et pendant qu’il vivait encore, il partagea également entre ses fils le royaume des Francs, qu’il avait possédé. Il donna à Charles, son fils aîné, le royaume d’Austrasie, à Carloman, le plus jeune, le royaume de Bourgogne, la Provence, la Gothie, l’Alsace et le pays des Allemands, et il divisa entre eux l’Aquitaine qu’il venait de conquérir. Cela fait, le roi Pépin, et c’est une douleur de le