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VIE DE DAGOBERT Ier.

lui-même à cette cassette cent sous d’or, et voulut que ses fils et tous les rois Francs, ses successeurs, n’oubliassent jamais d’y faire porter chaque année le même nombre de sous. C’était aux pauvres seuls que ces cent sous devaient être distribués, et nul n’en devait rien détourner ; car il voulait que, tant que durerait le royaume, moyennant cette offrande des rois, et ce qu’il plairait à Dieu d’y faire ajouter par d’autres personnes, les pauvres et les voyageurs trouvassent toujours là de quoi se soulager.

Il fit fabriquer aussi, pour la placer derrière l’autel, qui était en or, une grande croix d’or pur, ornée de pierres précieuses et merveilleusement travaillée. Le bienheureux Éloi, qui passait alors pour le plus habile orfèvre du royaume, aidé aussi sans doute par sa sainteté, exécuta avec un art et un génie admirables, tant cette croix que tous les autres ornemens de cette basilique. Les orfèvres d’aujourd’hui ont coutume de dire qu’à peine reste-t-il un homme, quelque habile qu’il soit en d’autres travaux, qui puisse tailler et incruster de la sorte l’or et les pierres précieuses, attendu que, depuis nombre d’années, la science de fondre ces rares métaux est tombée en désuétude. Le roi fit suspendre dans toute l’église, aux parois, aux colonnes et aux arceaux, des vêtemens tissus en or, et ornés d’une infinité de perles. Aussi cette basilique, décorée de toutes les belles choses de ce monde, et brillante d’un éclat incomparable, surpassa-t-elle en magnificence toutes les autres églises. Pour que les serviteurs de Dieu y pussent chanter sans interruption les louanges divines, le roi lui donna de grandes et nombreuses possessions.