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VIE DE DAGOBERT Ier.

de cession qui en fut dressé, tous les droits et revenus que percevait le fisc, soit dans ce bourg, soit dans les lieux voisins qui y furent dénommés, depuis le jour de la fête jusqu’à la fin du marché, et quel que fût le juge chargé de les percevoir, furent attribués, sans exception ni retranchement, à ce monastère, car le roi voulait ainsi racheter son ame, et inspirer aux serviteurs de Dieu plus d’ardeur à implorer pour lui la clémence divine.

La treizième année du règne de Dagobert[1], Sadrégésile, duc des Aquitains, fut tué par quelques hommes. C’était celui dont nous avons parlé plus haut, et à qui Dagobert, dans sa jeunesse, avait fait donner des coups de verges, et couper la barbe à cause du mépris qu’il lui témoignait ; ce qui l’avait réduit lui-même, par crainte de son père, à se réfugier sous la protection des saints martyrs. Sadrégésile avait des fils élevés dans le palais, et qui auraient pu très-aisément venger la mort de leur père. Comme ils n’en firent rien, ils furent, à cause de cela, et selon la loi romaine[2], accusés par les grands du royaume, et dépouillés de tout l’héritage paternel. Tous leurs biens ayant été remis au fisc, l’excellent roi Dagobert les donna à l’église de Saint-Denis, savoir, les domaines de Nogent, dans le pays d’Angers, de Parçay, Podentigny, Paschelles et Anglas dans le pays de Poitiers, avec des salines au bord de la mer dont il serait trop long d’insérer ici les noms. Il en donna la moitié aux moines qui servaient Dieu dans cette église, en y ins-

  1. En 634.
  2. Il y a lieu de croire que ceci est une erreur et qu’il faut lire : selon la loi salique.