Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/329

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
321
SUR LA VIE DE SAINT LÉGER.

dépendance, ou s’efforçaient d’envahir le pouvoir royal pour s’en approprier les profits ; c’est là tout ce qui nous apparaît dans ces débats sanglants et désordonnés. Nous n’y saurions découvrir ni royauté ni peuple, aucune mesure de gouvernement et d’ordre public, aucune combinaison des forces nationales pour résister à telle ou telle tyrannie. Un homme puissant et hardi, s’élevant à la mairie du Palais, régnait sous le nom du roi ; aussitôt il attaquait, par lui-même ou par les siens, tous ceux qui ne s’unissaient pas à lui pour partager ses rapines ; magistratures, propriétés territoriales, richesses mobilières, tout devenait sa proie, et aucune loi, aucune force publique n’était capable de réprimer ses excès. Alors se formait, contre le despotisme effréné d’un seul, une coalition de grands et d’évêques réclamant leurs biens et leurs privilèges. Parvenait-elle à le renverser ? l’un des coalisés prenait sa place, et, tyran brutal à son tour, donnait lieu à une coalition nouvelle, qui amenait bientôt les mêmes résultats. Tel est, à notre avis, le vrai caractère de ces événemens, où des forces et des ambitions individuelles se montrent seules, et qui ne nous laissent entrevoir aucune trace de combinaisons politiques ni d’intérêts nationaux.