Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/33

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ville de Senlis. Il a empêché de passer des hommes que je voulais, pour mon avantage, transporter en d’autres lieux, parce qu’ils m’étaient contraires. Comment dites-vous donc que mon très doux neveu ne veut transgresser aucun des engagements signés entre nous ? » Et nous lui répondîmes : « Il ne veut rien faire contre ses engagements, et promet de les accomplir en entier ; ainsi si tu veux envoyer dès à présent pour qu’on fasse le partage de la ville de Senlis, tu recevras immédiatement ce qui t’appartient. Donne par écrit le nom des hommes dont tu parles, et on accomplira tout ce qui a été promis. » Comme nous tenions ce discours, le roi ordonna de relire le traité devant tous ceux qui étaient présents. En voici le texte :

« Au nom du Christ, les très excellents seigneurs rois Gontran et Childebert, et la très glorieuse dame la reine Brunehault se sont réunis à Andelot[1] xxi pour l’amour de la charité, afin de terminer, par une mûre délibération, tout ce qui pourrait engendrer des différends entre eux ; et par la médiation des prêtres et des grands, Dieu y intervenant, pour l’amour de la charité il a été arrêté, voulu et convenu, qu’aussi longtemps que le Dieu tout-puissant les voudrait maintenir dans la vie de ce monde, ils se conserveraient une

  1. Les opinions varient sur le lieu où fut conclu ce traité ; dans le mot Andelaüm, les uns voient la petite ville des Andelys eu Normandie, les autres Andlaw dans les Vosges sur les confins de l’Alsace, d’autres enfin Andelot, dans le diocèse de Langres, entre Langres et Naz sur l’Ornain. Cette dernière opinion, adoptée par dom Bouquet, nous paraît aussi la plus vraisemblable, le bourg d’Andelot se trouvant à peu pris sur la frontière du royaume de Childebert et de celui de Gontran.