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vie de saint léger

lui rendent témoignage aux yeux des hommes qui les voient ; sur tant de choses il suffit d’en dire quelques-unes ; conduisons donc notre discours vers le temps où cet athlète du Christ entreprit son combat contre le démon.

Lorsque Léger, ce saint pontife eut été établi, avec paix et bonheur, évêque d’Autun, lorsqu’il eut renouvelé toutes les choses qui étaient détruites, qu’il eut bien instruit le clergé aux divins offices, qu’assidu à prêcher il eut donné au peuple les célestes alimens et l’eut comblé d’aumônes abondantes ; lorsqu’il eut enfin appliqué son ame à garder en tout les commandemens de Dieu, sa volonté devint en toutes choses si efficace que le Seigneur accordait toujours et sans difficulté une issue favorable à tout ce qu’il avait résolu d’accomplir. Ce n’était pas sans sujet que le Tout-Puissant lui prodiguait sa grâce, car Léger s’était dévoué à exécuter ses commandemens. Mais la méchanceté s’éloigne toujours du bien, et l’ancien ennemi, le serpent, trouve toujours par qui semer les scandales. Quelques grands qui ne se souciaient pas des choses spirituelles, et craignaient plutôt les puissants du siècle, voyant cet homme irréprochable demeurer ferme au sommet de la justice, et pleins d’une haine envieuse, commencèrent à le tourmenter, et résolurent, si c’était possible, de s’opposer à ses projets. Dans ce temps, comme nous l’avons dit[1], Ébroin, maire du palais, gouvernait sous le roi Clotaire, et la reine, comme nous l’avons encore dit, résidait déjà dans le monastère qu’elle s’était autrefois préparé. Alors les méchans déjà désignés vont à Ébroin, suscitent

  1. L’auteur n’a point encore parlé d’Ébroin.