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vie de saint léger.

per les cheveux de leur maître, et le présentèrent ainsi à son frère. Le roi l’interrogea, et lui demanda ce qu’il désirait qu’on fit de lui ; Théodoric répondit qu’il avait été injustement chassé de son royaume, et ne désirait que le Dieu du ciel pour juge. Alors on lui ordonna de se rendre au monastère de Saint-Denis ; il y vécut en sûreté et y demeura jusqu’à ce que ses cheveux eussent repoussé ; et le Dieu du ciel qu’il avait désiré pour juge lui permit de régner depuis heureusement.

Cependant tous demandèrent au roi Childéric de donner, pour les trois royaumes qu’il possédait, des décrets qui réglassent qu’on observerait la loi et la coutume de chacun, selon sa patrie, comme faisaient jadis les juges[1] ; que les gouverneurs d’une province ne pourraient entrer dans une autre ; que personne ne s’emparerait de la tyrannie d’Ébroin, et, comme lui, ne mépriserait ses égaux ; de telle sorte que chacun devant arriver tour à tour à la place la plus élevée, nul ne pût se mettre au dessus des autres. Le roi accorda de bonne volonté toutes les choses qu’on lui demandait ; mais, corrompu par les conseils d’hommes insensés et presque païens, car il était d’une grande jeunesse, il rétracta tout de suite ce qu’il avait établi

  1. On sait que le système des lois personnelles prévalut dans tous les pays conquis par les barbares, c’est-à-dire qu’il n’y eut point de lois générales, communes à tous les habitants du territoire, et que chacun fût jugé d’après les lois de sa nation, le Franc d’après la loi salique, le Bourguignon d’après la loi Bourguignonne, le Romain d’après la loi Romaine, etc. La violation de ce système donnait lieu à de fréquentes réclamations, surtout de la part des barbares conquérants dont les rois attaquaient les libertés en essayant de les soumettre à la législation Romaine.