Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
vie de saint léger.

qu’ils avaient précédemment insinuée dans le cœur du roi. Ils attirent dans leur parti Wulfoald, le maire du palais, inventent des fables menteuses sur Léger et Victor, et les accusent de s’être coalisés pour renverser la domination royale et envahir la souveraine puissance.

Il y avait alors au monastère de Saint-Symphorien un homme sous l’habit religieux, nommé Marcolin, reclus de corps mais non de cœur, et qui, comme on le vit clairement depuis, ne songeait guère qu’à obtenir, sous l’apparence de la religion, les honneurs et les gloires terrestres. Je pense qu’il vaut mieux taire que raconter ce qu’on sait de sa vie, car tout le monde en a été instruit. Le roi ignorait tout cela, et le regardait en tout comme un prophète de Dieu, surtout parce que Marcolin flattait sa volonté, en secondant les accusations portées contre l’homme de Dieu.

La nuit donc où l’on célébrait à Autun les Vigiles du saint jour de Pâques, le roi, comme s’il avait craint quelque chose, ne voulut point aller à l’église cathédrale ; mais, déjà plein de mauvaises pensées contre le serviteur de Dieu, il se rendit avec une petite suite auprès de l’hypocrite dont nous avons parlé, et ne craignit pas de recevoir là, et tout à coup, la sainte communion[1]. Cela fait et déjà pris de vin, tandis que les autres à jeun attendaient les saintes solennités, il entra dans la cathédrale, et criant à

  1. Selon Ursin, Childéric reçut la communion dans la cathédrale, de la main de saint Léger, et après la cérémonie, l’évêque informé que le roi voulait le faire tuer, prit le parti de sortir de la ville (Recueil des hist. de France, t. II, p. 629).