Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/357

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commencèrent à s’amollir par la pitié. Admis à sa conversation familière, Léger dompta et adoucit en peu de temps la férocité de cet homme et le convertit ainsi que sa femme à la crainte de Dieu, si bien que Waimer lui offrit dévotement l’argent de l’église qu’il avait reçu pour la rançon de la ville d’Autun, pour qu’il en fit ce qu’il voudrait. L’homme de Dieu reçut l’argent et le renvoya à Autun par un fidèle abbé nommé Berton, qui le partagea, selon le précepte de l’apôtre, entre les serviteurs de la foi, et s’acquitta ainsi de cette œuvre de charité.

Cependant le méchant Ébroin, ne pouvant plus longtemps cacher son crime, abandonna le parti de son faux roi, afin de rentrer au palais de Théodoric. Il y fit reçu par une certaine faction, et fut de nouveau créé maire du palais. Les uns avec joie, les autres par crainte l’élevèrent ainsi au comble de la puissance. Il rendit alors un édit portant que, si quelqu’un, pendant les troubles, avait causé à un autre quelque dommage, ou s’était approprié quelque bien, aucune accusation ne pourrait en résulter. À la faveur de ce prétexte, il ne rendit rien de ce que ses serviteurs lui avaient donné sur les dépouilles de beaucoup de gens. Reprenant son ancien orgueil, il redoutait de rencontrer sur ses pas quelques-uns de ses anciens rivaux, ou les fils de ceux qu’il avait fait périr ; il s’empara de la toute-puissance, et devint d’autant plus méchant qu’il était plus haï. Il commença à persécuter obstinément les grands ; ceux qu’il pouvait prendre, tantôt il les faisait mourir par le glaive, tantôt il leur enlevait leurs biens, et les bannissait en pays étranger. Il détruisit beaucoup de