Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/374

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Lorsque le cortége fut arrivé sur le territoire de Tours, dans le bourg de Sonnay, une femme, possédée du démon fut conduite par ses parens pour toucher le cercueil du saint homme. Amenée malgré elle et presque de force, dès qu’elle eut touché la couverture de la bière, elle fut purifiée des démons, revint à la raison, et voulait toujours demeurer près du cercueil, craignant d’être ressaisie par son ennemi.

Après cela, on arriva à la ville. Bert[1], évêque de Tours, l’ayant appris, vint au devant avec des chœurs qui chantaient, et reçut le corps avec des flambeaux et de grands honneurs. Comme le cortége traversait la ville, une femme accusée de la mort de son mari était conduite avec des chaînes au cou et aux mains. Pendant qu’on la traînait, elle s’écria : « Viens à mon aide, bienheureux Léger ; car, innocente, je péris mise aux fers par de faux accusateurs. » Dès qu’elle eut ainsi parlé, la chaîne brisée lui tomba du cou ; elle la jeta de ses mains sous le cercueil, et celle qui allait périr injustement parut clairement innocente.

Après que ce même pontife eut accompagné le saint corps dans tout son diocèse avec de grandes louanges, et qu’il fut parvenu sur le territoire de Poitiers où il devait reposer, on s’arrêta quelque temps dans un bourg nommé Ingrande. Un certain boiteux accourut, se jeta par terre et en prières devant le corps du saint homme, fut guéri tout de suite, se leva sur ses pieds ; et revint sain et sauf chez lui. Apprenant cela une certaine femme dont les mains avaient perdu leur forme, et dont les doigts recourbés s’enfonçaient au

  1. Ou Théodebert.