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VIE DE PEPIN-LE-VIEUX.

nêteté de ses mœurs, quelques autres à cause de la grande noblesse de sa race, d’autres aussi à cause de la grande quantité de champs qu’elle possédait, et de son nombreux domestique. Mais, selon le conseil de l’apôtre, la sainte femme, dégagée des liens d’un homme, ne voulait pas en prendre de nouveaux, elle qui avait eu un mari comme n’en ayant point, et avait usé de ce monde comme n’en usant point[1]. Tandis que d’une pensée assidue elle s’appliquait à résister, il arriva que le saint évêque Amand, vraiment digne de l’amour de Dieu et des hommes, se dirigea vers sa maison pour venir la consoler. Cet évêque, d’une éminente sainteté, était issu des plus nobles de l’Aquitaine. Conduit à Rome par le desir de la prière, il reçut dans une vision, du bienheureux Pierre, prince des apôtres, l’ordre de passer dans les Gaules, et de féconder dans les cœurs encore incultes des Gaulois, la semence de la parole céleste. Aussitôt obéissant humblement à cet ordre, il se transporta dans ces environs, et comme il accomplissait avec fidélité et dévotion la mission de prêcher qui lui avait été imposée, la renommée de ses saints travaux parvenue à la cour l’y fit appeler, et par l’ordre du roi Dagobert, il fut sacré évêque de Maëstricht. Ainsi la bienheureuse Itta reçut avec une grande joie le saint homme qui venait chez elle. Déjà du vivant de son mari, elle avait coutume de recevoir les pauvres dans sa maison, de laver les pieds des saints, de secourir ceux qu’affligeaient les tribulations, et d’exercer les autres œuvres de piété que l’apôtre enjoint aux saintes veuves.

  1. 1re. Ep. de S. Paul aux Corinthiens, chap. 7, vers. 29, 31.