Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

crets sacerdotaux ; que si on les trouve innocents, la fausseté de l’accusation soit reconnue publiquement. » Il ordonna que ce synode fût renvoyé au commencement du quatrième mois[1] xxv, et après cet entretien nous nous rendîmes à l’église. C’était le jour de la fête de la résurrection du Seigneur. Après la messe, il nous invita à sa table, qui ne fut pas moins chargée de mets qu’abondante en satisfaction. Le roi tournait toujours l’entretien sur Dieu, la construction des églises, la défense des pauvres. Il riait aussi des jeux d’esprit qu’il aimait beaucoup, ajoutant des choses dont nous recevions une sorte de joie ; car il disait : « Pourvu que mon neveu garde toutes les promesses qu’il m’a faites, tout ce que j’ai est à lui ; et s’il se scandalise de ce que je reçois les envoyés de mon neveu Clotaire, suis-je donc privé de sens, que je ne puisse me ménager entre eux, de manière à ce qu’il ne s’engendre pas de discorde ? Je sais qu’il vaut mieux y couper court que les laisser traîner en longueur. Je donnerai à Clotaire, si je le reconnais pour mon neveu, deux ou trois cités pour sa part, afin qu’il ne paraisse pas déshérité de mon royaume, et pour ne point préparer d’embarras à ceux à qui je le laisserai. » Après avoir dit ces choses et plusieurs autres, il nous renvoya avec d’affectueuses caresses, et chargés de présents, nous recommandant d’insinuer toujours au roi Childebert des choses avantageuses à son bien-être.

Ce roi, comme nous l’avons dit, était libéral en aumônes, assidu aux veilles et aux jeûnes. On disait alors que Marseille était grandement dévastée par la

  1. Juin.