Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/63

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afin de leur donner connaissance de nos affronts, car on nous tient ici dans l’abaissement, tout ainsi que des filles non pas de rois, mais nées de mauvaises servantes. » Elle avait oublié, cette malheureuse pécheresse, en quelle humilité se faisait voir la bienheureuse Radegonde, fondatrice du monastère. Étant donc arrivée à Tours, elle vint vers nous, et nous ayant donné le salut, elle dit : « Je te supplie, saint évêque, daigne garder et nourrir ces filles que l’abbesse de Poitiers tient dans un grand abaissement, jusqu’à ce que j’aille vers les rois nos parents leur exposer ce que nous souffrons, et que je revienne ici. Je lui dis : Si l’abbesse est en faute et a manqué en quelque chose à la règle canonique, allons trouver notre confrère l’évêque Mérovée, et la réprimander de concert ; mais vous, amendez votre conduite en rentrant dans votre monastère, afin que la luxure ne disperse pas celles que sainte Radegonde a rassemblées par des jeûnes, des oraisons multipliées et d’abondantes aumônes. » Elle répondit : « Point du tout, nous irons trouver les rois ; » et je lui dis : « Pourquoi résistez-vous à la raison, et par quel motif refusez-vous d’écouter les admonitions sacerdotales ? Je crains que les évêques réunis ne vous interdisent la communion. » C’est ainsi en effet que l’ont ordonné nos prédécesseurs, dans la lettre qu’ils écrivirent à la bienheureuse Radegonde, lors de l’établissement de sa congrégation. J’ai cru devoir insérer ici cette lettre.

À la bienheureuse dame Radegonde, en Jésus-Christ fille de l’Église ; Euphronius, Prétextat, Ger-