Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/68

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Elles se plaignaient beaucoup de l’évêque, disant que c’étaient ses artifices qui avaient introduit le désordre parmi elles et leur avaient fait quitter leur monastère. Mais il convient de rapporter plus au long la cause de ces scandales.

Durant le règne du roi Clotaire, la bienheureuse Radegonde qui avait institué ce monastère était toujours demeurée, ainsi que sa congrégation, soumise et obéissante aux précédents évêques ; mais du temps de Sigebert, lorsque Mérovée fut parvenu à l’épiscopat [de Poitiers], sainte Radegonde, excitée par sa foi et sa dévotion, et autorisée par lettres patentes du roi Sigebert, envoya des clercs en Orient pour y chercher des morceaux du bois de la croix du Seigneur et des reliques des saints apôtres et autres martyrs. Ils allèrent et rapportèrent ces reliquesl ; lorsqu’ils furent arrivés, la reine demanda à l’évêque de venir les placer dans le monastère, avec l’honneur qui leur était dû et des chants solennels. Mais lui, sans avoir égard à sa demande, monta à cheval et s’en alla à sa maison des champs. Alors la reine envoya de nouveau vers le roi Sigebert pour le prier de donner ordre à un évêque quelconque de venir placer ces reliques dans le monastère avec les honneurs convenables, et comme le demandait le vœu quelle en avait fait. Il nomma pour cette fonction le bienheureux Euphronius, évêque, de la ville de Tours, qui, s’étant rendu à Poitiers avec son clergé, porta, en l’absence de l’évêque du lieu, les reliques dans le monastère avec beaucoup de chants, un grand éclat de cierges et un grand appareil de parfums. Dans la suite, la bienheureuse Radegonde chercha souvent à se remettre bien avec son évêque, mais