Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/67

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plutôt comme un sacrilège que comme un mari ; et que quiconque, lui donnant un poison plutôt qu’un conseil, l’aurait engagée a cette action, soit, par le jugement céleste et avec notre assistance, frappé d’une vengeance pareille à celle qui a été prononcée contre elle ; jusqu’à ce que, s’étant séparée de celui à qui elle se sera unie, elle soit revenue aux lieux qu’elle aura quittés, pour y faire pénitence de son crime exécrable, et mériter ainsi d’y être reçue et réélue. Nous ajoutons aussi que ceux qui nous succéderont dans le sacerdoce doivent tenir la main à l’exécution de ces décisions ; et si, ce que nous ne croyons pas, quelqu’un d’eux voulait, contre la teneur de notre délibération, s’en relâcher, qu’il sache que nous l’appellerons en jugement devant le Juge éternel ; car les préceptes communs du salut sont que ce qui a été promis au Christ doit être inviolablement observé ; lequel décret nous avons cru devoir munir de notre propre signature, afin de lui donner plus de solidité, et que, sous la protection du Christ, il soit par nous à jamais observé. »

Après avoir entendu lire cette lettre Chrodielde dit : « Rien ne nous retiendra et nous irons sans aucun retard trouver les rois que nous savons être nos parents. » Comme on ne les avait point assistées de chevaux, elles étaient venues à pied de Poitiers, en sorte qu’elles étaient lasses et épuisées ; personne dans la route ne leur avait donné de quoi manger, et elles étaient arrivées à notre ville le premier jour du premier mois [1er mars]. Il faisait alors de grandes pluies, et les routes étaient rompues par une immense quantité d’eau.