Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/85

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et, en élevant ainsi vers Dieu nos cœurs avec nos mains[1] élevons l’ardeur de nos prières aux mérites d’une bonne œuvre. Certes, il rend la confiance à nos frayeurs, celui qui nous a crié par son prophète : Je ne veux point la mort de l’impie, mais qu’il vive et se convertisse[2]. Que personne donc ne désespère en raison de la grandeur de ses iniquités : il suffit de trois jours de pénitence pour laver les crimes invétérés des Ninivites, et, de la sentence même de sa mort, le larron converti reçut les récompenses de la vie. Changeons donc notre cœur, et osons croire que nous avons déjà reçu ce que nous demandons. Le juge est plus promptement fléchi par les prières, lorsque celui qui le supplie est corrigé de sa perversité. Repoussons, par l’importunité de nos pleurs, ce glaive de colère suspendu sur nos têtes. L’importunité, fâcheuse d’ordinaire aux hommes, est agréable au juge de vérité, car le Dieu clément et miséricordieux veut que nos prières lui arrachent son pardon, et ne consent jamais à s’irriter contre nous autant que nous le méritons, car c’est lui qui a dit, par la bouche du psalmiste  : Invoquez-moi aux jours de l’affliction, et je vous en délivrerai et vous aurez lieu de m’honorer[3]. En nous avertissant de l’invoquer, il se rend à lui-même témoignage qu’il désire faire miséricorde à ceux qui l’invoquent. Ainsi donc, mes très chers frères, le cœur contrit et amendés dans nos œuvres, venons d’une âme dévouée aux larmes,

  1. Jérémie, Lament. chap. 3, v. 41.
  2. Ézéchiel, chap.33, v. 11.
  3. Ps., 49, v. 16.