Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, 1823.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire des ravages dans le peuple, il s’adressa en ces mots à la multitude pour l’exhorter à la pénitence :

Il convient, mes très chers frères, que nous craignions, du moins quand ils arrivent et que nous les éprouvons, les fléaux de Dieu, que nous aurions dût redouter d’avance. Que la douleur donne en nous entrée à la conversion, et que la peine que nous souffrons amollisse la dureté de nos cœurs ; car, comme l’a prédit le prophète, l’épée les va percer jusqu’au fond du cœur[1]. Voilà que tout ce peuple est frappé de l’épée de la colère céleste, qui abat d’un coup subit chacun de nos citoyens. La mort n’est point précédée de la maladie, mais devance, comme vous le voyez, les langueurs du mal. Celui qui est frappé est enlevé avant d’avoir pu se livrer aux gémissemens de la pénitence. Pensez donc de quelle manière ils sont forcés de se présenter devant le juge sans avoir eu le temps de pleurer leurs actions. Nos habitants ne sont point ravis un à un, mais tous tombent à la fois. Les maisons demeurent vides, les parens assistent aux obsèques de leurs enfants, et leur mort est précédée de celle de leurs héritiers. Que chacun de nous se réfugie donc dans les lamentations de la pénitence, tandis qu’il nous reste le temps de pleurer avant d’être frappés. Rappelons devant les yeux de notre esprit toutes les erreurs dont nous nous sommes rendus coupables, et expions, par nos larmes, nos actions criminelles. Prévenons, par notre confession, la présence du juge, et, selon l’avertissement du prophète, élevons au ciel nos cœurs avec nos mains vers le Seigneur ;

  1. Jérémie, chap. 4 v.10.